Publié le 26 Août 2020
Aujourd'hui, mes amis, j'ouvre le livre "Dis raconte",
pour une petite entracte sur cette histoire qui m'a beaucoup émue..
Je vous invite à suivre l'histoire de "Sultan" ...
Le vieux "chasseur"
C'était un vieux chien de chasse qui venait d'avoir onze ans.
Malgré son âge, son poil restait fourni et son oeil vif.
Il gardait bon appétit et s'il n'y avait pas eu ses pattes ...
Malheureusement, ses pattes avaient parcouru tant et tant de kilomètres à la poursuite du gibier,
elles avaient sauté tant d'obstacles et franchi tant de haies qu'elles avaient perdu toute souplesse.
Et le pauvre chien se demandait, en cette fin d'août, si elles accepteraient de le porter une année encore.
Il aurait tant voulu continuer à chasser, à connaître la griserie de la découverte, l'excitation de la poursuite
et cette satisfaction irremplaçable qu'éprouve le chien de chasse lorsque,
ayant accompli son travail, il ramène fièrement à son maître le gibier dans sa gueule...
Le jour de l'ouverture arriva.
Tôt levé, le maître prit son fusil, serra autour de sa taille sa cartouchière
et il appela ses compagnons à quatre pattes.
Le vieux chien était déjà là, revigoré, sentant une force nouvelle dans ses muscles ....
Il bondit joyeusement autour de son maître.
Celui-ci lui jeta un coup d'œil satisfait et, le calmant de la main, il lui dit :
"Alors, mon vieux Sultan, on est encore de la partie "
Le chien approuva en agitant la queue .... Et la chasse commença.
Des heures durant, maître et chiens parcoururent campagne et forêt.
Sultan ne sentait pas la fatigue et il abattait ses kilomètres avec courage, montrant aux autres chiens -ses fils et petits-fils -
les chemins de fourrés, retrouvant la piste lorsqu'ils l'avaient perdue.
Car ces jeunots avaient encore besoin de lui et de son expérience !
Soudain, alors que l'on s'apprêtait à rentrer, le carnier lourdement chargé,
un sanglier déboucha d'un fourré, débusqué par les jeunes chiens.
Le chasseur épaula, tira deux coups, atteignant l'animal à l'épaule, sans le tuer.
La bête, rendue furieuse par sa blessure, fonçait déjà en direction de l'homme désarmé qui n'avait pas eu le temps de recharger son fusil,
quand le vieux chien, n'écoutant que son courage, s'interposa.
Il se jeta au cou du sanglier, l'arrêtant net !
Puis, oubliant âge et fatigue, il enfonça ses deux crocs dans la chair, bien décidé à ne plus lâcher sa proie ...
Le sanglier se débattit, cherchant à échapper à l'étreinte ...
Durant quelques instants, les deux bêtes s'affrontèrent en un combat furieux,
si intimement mêlées que le chasseur n'osa tirer un nouveau coup, de peur de tuer son chien.
Soudain, le sanglier fit un ultime effort. Il s'arcbouta de toutes ses forces ....
Les crocs du vieux chiens lâchèrent, permettant à son adversaire de s'enfuir au plus profond de la forêt.
Honteux, humilié, Sultan revint vers son maître, la queue basse.
Sentant d'un seul coup tout le poids de la fatigue accumulée depuis des heures ...
A coup sûr, on allait le gronder, se moquer de lui ...
Mais son maître l'accueillit avec amitié et, en le caressant, il lui dit :
"Ne sois pas triste, mon vieux Sultan, mon brave compagnon de tant de chasses glorieuses ...
Tu n'es plus jeune, il est vrai, et tu as mérité de te reposer ...
Mais, n'en sois pas honteux, ce n'est pas une disgrâce ...
Ne viens-tu pas d'ailleurs de me sauver la vie, à moi qui suis ton maitre, mais aussi ton ami ! ...
(Texte extrait du livre "Dis raconte" par Jacques Gabalda et René Beaulieu)
Je vous dis "A lundi les amis"
avec mon coup d'coeur pour cette pensée ...