
J'ai choisi aujourd'hui de vous parler du buis ... ce n'est pas tout à fait un hasard :
la fête des Rameaux qui nous arrive, nous rappelle la portée symbolique de ses brindilles
qui remplacent dans nos régions les palmes utilisées par les Juifs pour la Pâque
et qui bordaient les rues à l'entrée du Christ.
Cet emploi religieux explique leur présence dans tous les cloîtres de monastères puis dans les jardins de curé.
De même que Carnaval marquait la fin de l'hiver,
les fêtes de Pâques marquaient le renouveau printanier.
Elles ont, aujourd'hui, perdu l'essentiel de leur signification :
tout au plus subsiste-t-il des anciennes coutumes.
Souvenirs …
Le dimanche avant Pâques appelé aussi "Dimanche des Rameaux"
ou "Pâques fleuries",
les enfants de notre région partaient à la messe
avec un gros bouquet de buis (rameaux toujours verts) cueilli au jardin prêt à bénir …
Avant la messe, le prêtre bénissait les branchages ...
La messe terminée, sur le chemin du retour,
les enfants distribuaient aux personnes âgées qui ne pouvaient se déplacer
une branche de ce buis bénit
contre une petite "pièce"
et en réserver quelques-unes pour chez eux
pour en garnir l'intérieur de leur maison
accrochés au-dessus de la cheminée ou au crucifix ou dans l'encoignure d'une fenêtre.
Le buis bénit le jour des Rameaux avait le privilège
de préserver les maisons de la foudre.
De la même manière, on protégeait les écuries, les étables et le poulailler.
Il était de coutume en Artois d'honorer les défunts en plantant près de la tombe une branche de buis
et il n'était pas rare plusieurs années plus tard, de la voir prendre racine.
On gardait toujours une branche de buis en cas de décès, pour bénir le corps.
Les branches de buis, par chez nous,
bénit lors de la fête des Rameaux
avait une portée symbolique de protection…
On trouvait souvent dans les maisons du Nord, deux brins de buis liés en croix, placés juste au-dessus
de la porte d'entrée : on disait que c'était pour que les "méchantes gens" ne passent pas le seuil.
Et l'on brûlait traditionnellement les rameaux secs
le premier jour du Carême l’année suivante.
Plus coriace que le buis c'est difficilement imaginable (le plus dur après l'ébène).
Son feuillage vernissé et son système racinaire extrêmement ramifié
n'est certainement pas pour rien dans cette robustesse.
Il en existe 70 espèces.
Sa hauteur maximum est de 5 m pour un rayon de 5 m. On le taille durant les mois d'étés.
A retenir que son bois, son écorce et ses feuilles sont très toxiques.
Le buis sert à fabriquer des instruments de musique, des instruments scientifiques, des peignes etc. …
A l'époque de la Rome impériale, l'écrivain Pline l'Ancien aimait donner aux buis de son jardin
des formes curieuses ou amusantes, une pratique (l'art topiaire) qui traversa les siècles et les continents.
Aujourd'hui, il est courant de voir dans les parcs des buis en haies serrées
formant un labyrinthe végétal ou d'autres dont le feuillage a été géométriquement taillé.
Il me reste à évoquer deux petits inconvénients notoires du buis ...
Il attire les escargots et son odeur évoquent les lieux fréquentés par les chats.
Mais les amoureux du buis vous diront qu'elle participe justement à leur beauté,
par les évocations d'enfance qu'elle suscite ...
"Nostalgie quand tu nous tiens …
"Des bordures de buis rigoureusement taillées y dessinaient des cadres où se déployaient,
comme sur une pièce de damas, des ramages de verdure d'une symétrie parfaite".
(Théophile Gautier)
"
Bien qu'il ne vit dans la nuit ni les buis ni les fusains,
il devinait leur feuillage sombre par leur odeur amère".
(André Malraux)
"
Au plaisir de vous retrouver lundi !
