Au moment de la St jean,
c'est aussi celle des confitures et surtout gelées notamment celle de la groseille !
Chacune, chacun d'entre vous posséde sa recette personnelle
aussi c'est d'une toute autre manière que je vous accueille sur ma page
pour fêter ce régal des papilles ...

Et qui mieux qu' ... André Theuriet , doué d'un sens exquis de la vie rustique
pour nous faire partager cet aspect de la vie de campagne avec ce magnifique texte …
"Les Confitures"
tiré d'une de ses oeuvres poétiques …
A la Saint-Jean d'été les groseilles sont mûres.
Dans le jardin vêtu de ses plus beaux habits,
Près des grands lis, on voit pendre sous les ramures
Leurs grappes couleur d'ambre ou couleur de rubis.
Voici l'heure. Déjà dans l'ombreuse cuisine
Les pains de sucre blancs, coiffés de papier bleu,
Garnissent le dressoir où la rouge bassine
Reflète les lueurs du réchaud tout en feu.
On apporte les fruits à pleine panerées,
Et leur parfum discret embaume le palier ;
Les ciseaux sont à l'oeuvre, et les grappes lustrées
Tombent comme les grains défilés d'un collier.
Doigts d'enfant, séparez sans meurtrir la groseille
Les pépins de la pulpe entr'ouverte à demi !
La douce ménagère, attentive, surveille
Ce travail délicat d'abeille ou de fourmi.
Vous êtes son chef-d'oeuvre, exquises confitures !
Dès que l'été fleurit les liserons du seuil,
Après les longs travaux, lessives et coutures,
Vous êtes son plaisir, son luxe et son orgueil.
Que le monde ait la fièvre et que sa turbulence
Gronde ou s'apaise au loin, la tranquille maison
Toujours, à la Saint-Jean, voit les plats de faïence
Se remplir de fruits mûrs et prêts pour la cuisson.
Le clair sirop frissonne et bout ; l'air se parfume
D'une odeur framboisée ... Enfants, spatule en main,
Enlevez doucement la savoureuse écume
Qui mousse et perle au bord des bassines d'airain !
Voici l'oeuvre achevée. La douce ménagère
Contemple fièrement les godets de cristal
Où la groseille brille, aussi fraîche et légère
Que lorsqu'elle pendait au groseiller natal.
Ses grappes maintenant bravent l'hiver ... Comme elles
La ménagère échappe aux menaces du temps ;
La paix du cœur se lit dans ses calmes prunelles,
Et son front reste lisse et pur comme à vingt ans.
André Theuriet (1833-1907)
" Le bleu et le noir" écrit en 1874.