Lors de promenades champêtres,
on croise souvent le pissenlit que l'on nomme selon les régions
"or du pré", "fleuron d'or" ou "roi de la prairie".
Le pissenlit s'appelle également "dent de lion" et les anglais ont gardé cette étymologie française
qui remonte au XVéme siècle et vient du fait que les feuilles,
ressemblent à la mâchoire d'un lion garnie de ses dents acérées.
On l'appelle aussi "tête de moine", puisque après l'envol des graines
il ne reste qu'une petite boule rasée assez semblable à un crâne chauve,
comme il est d'usage dans les confréries monacales.


En fin de floraison, vous verrez voltiger
de légères boules duveteuses,
des aigrettes appelées "chandelles"
qui sont les fruits minuscules du pissenlit qui se dispersent
"véritables petits parachutes"
au gré des caprices du vent et qui tombent sur le sol où
se développent de nouveaux jeunes pissenlits .



J'aime les légendes,
et au hasard de mes lectures j'ai trouvé celle-ci liée à ces "aigrettes"
je vous l'offre de bon cœur ...
elle explique le pourquoi de certaines traditions .
Il s'agit d'un conte adapté d'une légende de Marie Nevers.
Il était une fois ... une jeune fille triste ....
Si triste ... que, se promenant dans les champs, elle ne voyait ni le printemps, ni les belles fleurs ;
elle n'entendait pas le merle, ne regardait même pas les poursuites des moineaux.
Le soleil lui était indifférent, le ciel bleu azur aussi.
Il était une fois ... une jeune fille triste qui aimait un jeune et beau garçon,
mais ne savait pas si elle était aimée !
En apparence, il manifestait pour elle une indifférence absolue,
elle lui répondait par une indifférence savamment contrôlée.
Quand aurais-je le courage de lui faire connaître mon amour ?" pensait-elle .
Dans un an ..., ou bien deux ..., peut-être trois .... ,
dans quatre ans si je suis sûre que ce jour-là il m'aime !
Pensive et mélancolique, elle s'assied au pied d'un grand saule.
Machinalement elle cueille la première tige qui lui tombe sous la main.
Au sommet de cette tige une petit boule de fins duvets blancs.
"Que c'est beau", pensa-t-elle . "Que c'est beau et fragile !".
Cette pensée lui traverse l'esprit en même temps qu'elle se met à souffler sur la boule floconneuse.
Une multitude de flocons blancs s'élèvent autour d'elle.
Dans sa main toute menue, il ne lui reste plus qu'une tige, sur cette tige un petit crâne dénudé, sur ce crâne nu une semence solidement ancrée.
"Plus qu'une !" dit-elle à haute voix.
"Une année à attendre!" lui répondit le merle.
A attendre un mari, ajoutèrent les piafs entre deux culbutes.
La voilà tout heureuse, elle a compris le message et n'a plu peur de rester vieille fille.
Elle ne sait pas qui sera l'heureux élu, mais la voilà remplie de joie soudaine, elle rayonne.
Qu'elle est belle sans son masque de mélancolie !
Et voilà que son chemin croise celui de ce garçon auquel elle pense chaque jour ;
et comme la joie est communicative, il ose lui parler.
"Pourquoi ris-tu ainsi ?"
"Je viens d'apprendre que j'allais me marier dans l'année !"
"Qui te l'a dit ?"
"'Le merle et les moineaux !"
"Comment l'ont-ils su ?"
"En lisant le message du pissenlit."
Bien vite il comprit que celle qu'il aimait en cachette allait peut-être en épouser un autre,
alors sans réfléchir il s'écrie :
"Mais moi aussi ils me l'ont dit, alors ce mari, ce doit être moi !" ...


Depuis ce jour là, toutes les jeunes filles savent qu'elles peuvent compter
sur le pissenlit pour connaître leur avenir conjugal ...
Et elles comptent, une, deux, trois ou quatre années ;
un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ...
Belle journée par chez vous !