La dictée du jardinier ...
Publié le 29 Mai 2016
Toutes et tous à vos plumes pour ....
LA DICTEE DU JARDINIER
Ce texte imaginé et conçu par M. Claude Thoby, horticulteur et conservateur de la Collection nationale des camélias, a été proposé aux visiteurs des Floralies internationales de Nantes le 7 mai 1994.
Une dictée pleine de charmes .....
pour l'édification des jardiniers en herbe du troisième millénaire.
LE JARDIN DE VICTORINE
Enfant de la ville, j'ai découvert à la campagne,
mon premier jardin des plantes, le jardin de Victorine.
Vieille fermière d'antan aux faibles ressources pécuniaires, elle vivait en autarcie. Son jardin était sa seule passion. Elle attribuait aux plantes sa robuste santé en consommant à qui mieux mieux la sarriette, le thym, le basilic et l'aneth sans oublier une cure avec des scorsonères semées dès le printemps.
Dans l'enclos des fleurs qu'elle baptisait son paradis, Victorine soignait précautionneusement son rhododendron et son camélia (ou camellia). Elle raffolait des forsythias, des dahlias, des héliotropes, ainsi que des amaryllis amarante. Les gypsophiles paniculées s'étendaient en une bordure tout enluminée par des zinnias et des alkékenges épanouis. Les roses aux pétales veloutés embaumaient le jardinet. Les kerries attiraient les vanesses colorées et l'herbe drue des lycènes de satin bleu barbeau.
Le fond du jardin était un fouillis de prunelliers et de groseilliers servant de refuge aux oiseaux, dont un couple de rouges-gorges. Victorine amassait les cassis mûrs pour en faire des confitures nonpareilles. Loin de l'enclos, plusieurs marronniers, châtaigniers, sycomores et des chênes avec de maigres houppiers, brisaient les vents d'ouest.
Notre jardinière admirait les coccinelles et les carabes dorés qu'elle déposait dans le creux de sa main. Quant aux insectes prédateurs, elle les foudroyait du regard depuis que le phylloxéra (ou phylloxera) avait ravagé les vignes de son grand-père. Elle maronnait quand elle découvrait les doryphores, les courtilières et les larves des hannetons. Heureusement, les poulettes picoraient ces indésirables avec délectation.
Parfois, posant son inséparable binette, elle s'asseyait à l'ombre légère du gleditschia, sur l'abreuvoir renversé qu'elle appelait pompeusement son canapé."Je suis heureuse ici, répétait souvent Victorine, je vis au milieu de mon bonheur."
Claude THOBY
1. Camélia ou camellia (ces deux graphies sont autorisées).
2. Phylloxéra ou phylloxera (ces deux graphies sont autorisées)
Toujours sous la pluie, je vous dis "A demain mes amis" !